Pas de doute, il est l'homme de Deauville. En termes de victoires, la concurrence est loin, très loin. Jean-Claude Rouget a remporté plus de 280 succès sur l'hippodrome de La Touques depuis 2005, quand son dauphin, André Fabre, n'émarge qu'à 130 unités.
Sur la PSF comme sur le gazon, le Béarnais domine ses pères.
Pourtant, si l'entraîneur palois peut s'enorgueillir d'un statut de tête de
liste sur le champ de courses deauvillais, son nom n'apparaît qu'à une seule
reprise aux palmarès des groupes I qui s'y sont disputés. En 2010, Stacelita, montée par Christophe
Soumillon, enlevait le Prix Jean Romanet.
Depuis, plus rien ou presque. Quelques accessits, dont le dernier en date
apporté par Ervedya (7 - C. Soumillon) dans le Morny, l'an passé. Invaincue
au moment d'aborder ce premier grand rendez-vous, la fille de Siyouni avait
cédé face à deux poulains sur ce parcours rectiligne de 1.200 mètres. Orientée
vers le mile alors, la pouliche a vite retrouvé ses bonnes habitudes, même si
elle a encore concédé la victoire face "à une pouliche certainement
plus endurcie", selon Jean-Claude Rouget, dans le Prix Marcel Boussac cet automne. Trois sorties pour trois succès
cette année ! Avec en point d'orgue un sacre dans la Poule d'Essai suivi
d'un autre triomphe, outre-Manche, dans les Coronation Stakes d'Ascot à la
toute fin du printemps. Dès lors, il n'en faut pas beaucoup plus pour désigner
la favorite du Prix Rothschild (ex Prix Astarté) de ce dimanche. Jean-Claude Rouget,
pondéré, se contente de lâcher un "elle aborde son objectif ici",
qui en dit tout de même long sur les ambitions et les espoirs portés par Ervedya (7), d'autant que cette dernière
est toujours, selon son mentor, "dans la même condition physique que
lors de sa victoire à Ascot le 19 juin."
La prudence du Béarnais trouve peut-être sa source dans le déroulement des Falmouth Stakes du 10 juillet dernier à
Newmarket d'où sont issues ses trois plus dangereuses rivales : Amazing Maria (5 - O. Peslier), Bawina (6 - M. Guyon), et Fintry (2 - V. Cheminaud), et où
figurait également une autre de ses pensionnaires, Avenir Certain. Piégée par
le manque de rythme de l'épreuve, celle-ci n'avait pu s'opposer au sacre d'Amazing Maria (5) qui, après avoir
lancé les hostilités, s'était montrée capable de donner un nouveau coup de
reins pour s'adjuger ce groupe I. Pour Jean-Claude Rouget, la reconduction d'un
tel scenario dans le Prix Rothschild serait
évidemment préjudiciable pour sa protégée, même si celle-ci bénéficiera,
privilège de l'âge, d'un avantage non négligeable de six livres sur ses
principales adversaires. Sera-ce suffisant pour se défaire de la résistance
d'une Amazing Maria (5), montée pour
l'occasion par Olivier Peslier et jugée "très dure" par son
mentor, David O'Meara. Suffisant pour venir à bout de Bawina (6) qui a été particulièrement malchanceuse à Newmarket ?
Carlos Laffon-Parias, s'il regrette le déroulement de ces Falmous Stakes, en est toutefois revenu avec une conviction : "Bawina
a clairement montré qu'elle avait les moyens d'enlever son groupe I. On aborde
avec optimisme le Prix Rothschild. La pouliche n'a fait que de l'entretien car
il n'y a que trois semaines entre les deux courses." Et que dire de Fintry (2) qui défendra, avec la moins
expérimentée mais invaincue Usherette (8
- M. Barzalona), les chances d'André Fabre ? Elle n'a fini qu'à une courte
tête de la Laffon-Parias à Newmarket et l'on connaît l'habileté de son metteur
au point dans ce type d'épreuves. André Fabre a déjà remporté cinq fois ce
groupe I et en est le tenant du titre depuis la victoire d'Esotérique l'an passé.
Enfin, un mot sur Rizeena (1 - J. Doyle),
lauréate des Coronation Stakes l'année dernière, et qui n'a plus couru depuis sa deuxième place dans les Duke Of Cambridge Stakes (Gr.II), le 17
juin, derrière... Amazing Maria (5).
Sa relative fraîcheur pourrait être un atout. Mais c'est aussi ce que doit
penser Jean-Claude Rouget de son côté. En déclinant la lutte dans les Falmous Stakes, il a sans doute offert à
Ervedya (7) un argument
supplémentaire pour lui permettre d'enlever son troisième groupe I de l'année.