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Mots clés : Plat - Après course

Pierre-Charles Boudot : «J’ai beaucoup pensé à mon père… »

Ce jeune jockey de 21 ans a décroché le premier groupe 1 de sa carrière le 13 juillet dernier dans le Grand Prix de Paris, associé à Gallante. Ce triomphe vient s'ajouter à une année, et même une carrière, déjà riche. Il ne compte pas s'arrêter en si bon chemin.

Dimanche 13 juillet 2014. Il est presque 19 heures 30... L'hippodrome de Longchamp organise sa seule réunion en semi-nocturne de l'année sous une pluie battante. Dans le cœur de Pierre-Charles Boudot règne un soleil éclatant. Il vient de remporter le premier groupe 1 de sa jeune, mais déjà riche, carrière en selle sur Gallante dans le Juddmonte Grand Prix de Paris, à la cote de 61/1...
Le bonheur est aussi intense que gorgé d'émotions. Un seul visage occupe son esprit, celui de son père, Marc Boudot, trop tôt disparu, à qui il dédiera cette victoire. Il s'agit d'un triomphe personnel pour ce professionnel âgé d'à peine vingt-et-un ans, qui s'est hissé de manière fulgurante au Panthéon des meilleures cravaches de plat hexagonales en l'espace de quelques années. Son palmarès donne déjà le vertige : 432 succès, (dont treize au niveau des groupes), une cravache de bronze 2014, une participation au Derby d'Epsom 2013... et la confiance d'entraîneurs aussi renommés qu'André Fabre, son patron.
De tels coups d'éclats donnent-ils la grosse tête à cet amateur de football aussi sympathique qu'accessible ? Certainement pas. Il sait que le plus dur dans ce métier est de continuer, et qu'il doit se plier à une discipline de fer concernant, en particulier, son poids, qui, finalement, constitue son meilleur ennemi. Nous sommes partis à la rencontre du nouveau roi du « Grand Prix de Paris » qui s'est livré, avec simplicité et honnêteté, sur son passé, son présent, et son futur...

Pierre-Charles Boudot peut laisser éclater sa joie après son succès associé à Gallante

- Tout va bien depuis dimanche, Pierre-Charles ?
«Plutôt bien, oui. Les journées s'enchaînent normalement. Mon quotidien n'a, pour l'heure, pas changé. »

- Gallante qui gagne le Juddmonte Grand Prix de Paris à 61/1. Etait-ce réellement une surprise pour vous ?
«Je connaissais le potentiel de mon cheval. Sa victoire dans une course B, le Prix de la Colonne Vendôme, le 12 juin m'avait enthousiasmé. Il avait démontré qu'il avait le niveau pour gagner une telle course. En mai, dans le Prix Hocquart, il avait conclu troisième de Free Port Lux. Il avait le droit de bien faire ce dimanche, surtout sur cette piste pénible, qui a joué sans conteste en sa faveur. Je savais qu'à mi-ligne droite, j'avais la course à ma merci. »

- Quelles ont été vos émotions après le passage du poteau ?

«Immenses et intenses. Cela faisait un moment que je tournais autour du pot pour remporter, enfin, ce premier groupe 1. J'ai immédiatement pensé à mon père, qui n'était malheureusement plus là pour assister à ce succès. Il est un de ceux à qui je dédie cette prestation. C'est grâce à lui que j'évolue dans ce métier. J'ai pensé aussi énormément à mon patron André Fabre, avec qui j'ai la chance et l'honneur de collaborer depuis 2009. »

American Devil, le cheval de coeur de "PCB"

"American Devil, mon chouchou"

- Est-ce une pression supplémentaire de monter pour un des meilleurs professionnels français ?

«Je donne le meilleur de moi-même à chacune de mes montes, que ce soit pour mon patron ou pour un autre. J'ai l'opportunité de collaborer avec bon nombre d'entraîneurs aux quatre coins de la France. Le fait de voyager me plaît beaucoup d'ailleurs. Il ne faut pas gâcher cette confiance. »

- Comment qualifierez-vous l'ambiance qui règne entre vous et vos « copains » d'écurie de chez André Fabre. On pense à Maxime Guyon et Mickaël Barzalona...
«Il règne une franche camaraderie et un véritable esprit d'équipe. Nous arrivons toujours à trouver un terrain d'entente entre nous. »

- Pouvez-vous nous parler d'Hervé Naggar, votre agent ?
«Je tiens avant tout à le remercier. Il joue un rôle primordial dans ma réussite actuelle. Il me ménage énormément. Il ne va pas chercher à me faire monter juste pour le fait de « me faire monter ». Il sait sélectionner mes engagements. Il abat un sacré travail... »

- Vous avez eu l'occasion de vous produire à l'étranger, notamment en Angleterre. Comment avez-vous vécu cette expérience ?
«C'était grisant. Piloter Ocovango dans le Derby d'Epsom l'an passé demeurera un des grands moments de ma carrière. L'Angleterre entretient une vraie culture hippique. Nous l'avons aussi en France, mais ce n'est pas la même. Elle est moins intense. »

- Avez-vous un « chouchou » parmi votre multitude de montes ?
«Justement, puisque vous me parlez d'Angleterre, j'ai pris part aux Diamond Jubilee Stakes cette année à Ascot avec American Devil. Ce pensionnaire d'Eric Libaud occupe une place spéciale pour moi. C'est un très brave compétiteur, un vrai plaisir de cheval. Mon titre dans le Prix du Palais-Royal en mai à Longchamp demeure un bon souvenir. Il devrait se présenter au départ du Prix Maurice de Gheest en août prochain à Deauville, et certainement au Qatar Prix de la Forêt en octobre. »

"Il faut garder la tête froide"

- Le poids, pour un jockey, est une discipline de chaque instant. Comment gérez-vous le vôtre ?
«J'avoue que cela n'a pas toujours été facile. Il y a deux ans, j'ai traversé une phase difficile, où j'étais trop « enrobé ». Je mesure 1m70, ce qui est assez grand pour un jockey. Je dois donc faire attention. J'adapte mon alimentation selon le rythme des courses. Je prends mes repas selon les horaires des réunions. Je fais également beaucoup de sport. J'ai un tapis de courses à la maison, et je fais du jogging à l'extérieur lorsque les beaux jours arrivent. Ainsi, j'élimine les toxines. J'essaie de me montrer le plus appliqué possible en la matière. Je me maintiens entre 54,5 et 55 kg. »

Une cravache de bronze pour l'année 2014 : une sorte de consécration finalement...

- Votre itinéraire, depuis vos débuts, n'a été qu'en progression. Pourtant, tout est allé très vite pour vous...

«Il est vrai que j'ai perdu ma décharge rapidement, en un peu plus d'un an. Ensuite, tout s'est enchaîné à la vitesse grand « V ». Il faut garder la tête froide, prendre la compétition comme elle vient. »

- Comment envisagez-vous votre avenir ?
«Dans les chevaux (rires !). Je me consacre déjà à mon métier actuel. Ensuite, j'avoue que si mon poids devenait problématique, je me laisserais bien tenter par une carrière en obstacle. Les contraintes pondérales sont moins drastiques. Pourquoi pas devenir entraîneur aussi ? Tout est possible. »

- Vous êtes un amoureux du ballon rond. Comment avez-vous vécu cette Coupe du monde ?
«Nous avons assisté à de beaux moments de sport. Je suis un peu déçu pour les bleus. Toutefois, c'était une formation jeune, qui a juste été battue par l'Allemagne, qui a fini par décrocher la timbale... »

Pierre-Charles Boudot en vidéos :

Revoir sa victoire avec Gallante
Revoir sa victoire dans le Prix du Palais-Royal 2014 avec American Devil
Revoir sa victoire dans le Prix Corrida 2014 (groupe II) avec Siljan's Saga

 

Laurent Notarianni, 30/07/2014 14:56:00